//
Vous lisez...
Adlous Huxley, Science-Fiction

Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

pp1438-1977Edition lue : Editions Presses Pocket ( 1984 )

Nombre de pages : 284

Genre : Science-fiction/Anticipation

Résumé :

Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d’oeuvre de la littérature d’anticipation, a fait d’Aldous Huxley l’un des témoins les plus lucides de notre temps.
Aujourd’hui, devait écrire l’auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s’abatte sur nous dans le délai d’un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d’ici là de nous faire sauter en miettes… Nous n’avons le choix qu’entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique.

Blabla :

Je me suis vraiment demandé si je devais faire un article sur ce roman. Déjà parce que des avis à son sujet, ce n’est pas ce qu’il manque ( Et j’avoue préférer chroniquer des bouquins un peu moins connus. ), mais aussi parce qu’il n’est vraiment pas évident de le résumer et d’en parler sans écrire des tartines sur son compte.  En fait, ça fait plusieurs jours que je l’ai terminé et que je pèse le pour et le contre. Mon avis risque donc d’en pâtir, mais tant pis…

Le meilleur des mondes place son action dans un monde futuriste où le mot liberté ne semble pas vraiment avoir sa place. Les classes sociales sont très présentes, les enfants ne sont plus conçus par les voies naturelles, mais dans des usines ( On peut qualifier ça d’usine, à mon avis. ), à la chaine, où les embryons, mais aussi les jeunes enfants, subissent des traitements bien différents suivant qu’on les prédestines au haut du panier ou non.

Les gens y sont endoctrinés depuis leur plus jeune âge. Programmés, même. On passe son temps à… travailler, faire du sport et baiser à droite et à gauche. C’est simple, tout comportement qui se distingue un peu trop de celui de la masse est tout de suite pointé du doigt. On y aime l’uniformité.

Au rang des absents, on peut également citer l’ambition. Car suivant que vous soyez né Alpha ou Epsilon ( Ou bien sûr, la majorité est constituée de classes inférieures, clairement lobotomisées avant leur naissance ( et même après), servant de bétail pour les travaux les plus ingrats, tandis que les classes supérieurs, à qui tout est dû, sont représentés par une minorité. ) … ou, n’importe quoi d’autre, vous devez vous contenter de votre case toute votre existence durant et ne surtout pas en espérez plus. D’un autre côté, tous ont été si bien endoctrinés qu’aucun n’irait se plaindre ou chercher à changer sa condition. Ils sont heureux. Du plus bas de l’échelle, jusqu’en haut… et si un petit coup de blues se fait sentir, hop ! Enquille-toi un ou deux soma et tu verras la vie en rose !

Dans ce monde également, l’idée d’avoir un père et une mère est quelque chose d’obscène. Ça n’existe pas. Idem, tout le monde appartient à tout le monde, c’est-à-dire que les couples n’existent pas d’avantage. La norme est de faire des galipettes avec un partenaire différent chaque fois qu’on le désir. Et les gosses sont, quant à eux, entraînés à cet exercice depuis leur plus jeune âge…

En fait leur vie est vraiment… heu ! Répétitive et calquée sur le modèle de leur voisin. Une activité solitaire y est aussitôt suspecte.

Et… j’en suis là et j’ai encore beaucoup à dire sur ce monde et son fonctionnement ( Qui est d’ailleurs bien pensé de la part de l’auteur et carrément flippant. ). Mais je pense que je vais en rester là pour laisser à ceux qui voudraient le lire découvrir par eux-mêmes ce qui reste.

Mais où en étais-je déjà ?

Les personnages ne sont pas vraiment attachants… ils sont mêmes, pour la plupart, assez exaspérants. Entre autres, je vais citer Bernard, qui malgré sa différence et le fait que ce défaut lui vaille d’être malmené, est terriblement vantard et aime en faire des tonnes pour essayer de se faire mousser; Lenina qui a un peu trop tendance à se considérer comme un morceau de viande, car formatée comme il faut par la société; John qui, provenant d’un autre « monde », passe son temps à citer Shakespeare comme s’il récitait des versets de la Bible, et qui forme à lui tout seul une sorte de cliché du croyant extrémiste…

Leurs défauts, comme leurs différences, font, d’une certain façon, qu’ils sont intéressants… même si têtes à claques. Parmi eux, le seul que je sois parvenu, quelque peu, à apprécier est le Ford Menier. Pas très jojo, mais sa position, sa façon de penser, de raisonner ( Ce même si on ne peut pas vraiment cautionner. ) font que c’est certainement le personnage qui m’a le plus intrigué et que j’ai eu le plus de plaisir à découvrir.

Quant à l’univers, il y en a pas un, mais deux, et même trois dans un même monde. Il y a celui dans lequel la majorité des protagonistes évoluent, moderne, formaté, rigide, puis, il y a l’autre, celui dit des sauvages, une sorte de réserve où certains se rendent pour observer les descendants « dégénérés » de l’ancienne humanité, croyant en Dieu, monogame, craignant la mort, souffrant de vieillesse et de maladie etc., un peu comme ils viendraient observer des animaux.

Les deux mondes sont aussi peu enviables l’un que l’autre. D’un côté, uniformisation, de l’autre, la barbarie. C’est de cette réserve à sauvages que provient justement John. La confrontation entre ces deux univers, d’abord par l’arrivée de Bernard et Lenina en territoire sauvage, puis celui de John et sa mère dans celui de ces derniers, est intéressante. A cause du choc des cultures. La différence de réaction face à la mort, la différence d’interprétation du mot liberté, la confrontation des mœurs et des tabous. C’est l’aspect qui m’a le plus intéressé.

Et puis, je parlais d’un troisième univers. En un sens, il est représenté par ces lieux ( ces îles il me semble) où la société dominante expédie ses membres les plus étranges, ceux incapables de se fondre dans le moule, de rentrer sagement dans les rangs. Ceux-là, à ce qu’il semble, on les parque loin de la majorité pour les surveiller et éviter qu’ils ne répandent leur « maladie ».

Enfin bref, je pourrais encore en parler pendant un petit moment de ce bouquin. Mais je pense que le pavé que je viens de pondre est déjà suffisamment indigeste comme ça. C’est un roman dont j’ai longtemps repoussé la lecture, et que j’ai clairement adoré.

Discussion

Les commentaires sont fermés.

En relecture