//
Vous lisez...
Policier/Polar, Serge Brussolo

Armés et dangereux – Serge Brussolo

264876-gfÉdition lue : Éditions du Masque ( 1998)

Nombre de pages : 188

Genre : Policier

Résumé :

C’était une maison hantée, mutilée, aux murs criblés d’impacts de balles, au sol taché de sang.
Une maison portant depuis cinquante années les marques d’une exécution impitoyable jadis décidée par une police résolue à se débarrasser des  » enfants du mal  » : Kitty et Dum, deux adolescents amoureux singeant Bonnie Parker et Clyde Barrow. On en avait fait un musée livré à la curiosité des touristes. L’ombre de la mort y planait, ainsi que le parfum des énigmes insolubles. Un jour, quelques fouineurs passionnés se mirent dans la tête de procéder à une grande reconstitution historique et d’élucider les mystères du musée désaffecté.
Ils le regrettèrent cruellement, mais il était déjà trop tard. La peur et la mort avaient pris le contrôle du jeu… et la maison Hellsander se remplissait de cadavres.

Blabla :

Cette lecture est en réalité une relecture. J’ai découvert ce roman il y a peut-être un an et demi et, de mémoire, je m’étais bien amusé avec. Ça m’avait semblé rudement bien foutu et, comme c’est presque toujours le cas avec cet auteur, drôlement tordu. Alors forcément, aujourd’hui l’effet de surprise a disparu et je ne serai peut-être pas aussi enthousiaste que lors de ma première lecture. Enfin, je vais essayer tout de même !

 En premier lieu, ce qu’il faut savoir, c’est que c’est un roman assez court. Quelque chose comme 180 pages. Brussolo est plutôt adepte des courts formats ( Bien qu’au fil du temps, certains de ses romans se soient faits de plus en plus épais. ), un détail qui m’a toujours impressionné. En même pas 200 pages, il arrive à te sortir des histoires prenantes, qui ne négligent pas de s’intéresser à ses personnages, de faire monter la mayonnaise, de te foutre dans l’ambiance comme il faut… et tout ça sans bâcler. En tout cas, ce n’est pas du tout l’impression que me donnent généralement ses bouquins. Je n’ai pas aimé certains de ses titres, c’est vrai, mais même pour ceux-là je ne me souviens pas d’avoir déjà eu le sentiment qu’il avait voulu aller trop vite, qu’il n’avait pas pris le temps de développer son idée. Bon, je n’ai pas encore lu toute sa production, il faut dire qu’elle est vaste, mais je dois certainement approcher de la trentaine de romans engloutis… ce qui n’est pas non plus négligeable.

 S’il fait partie de mes auteurs préférés, c’est d’ailleurs parce qu’il est doué pour t’embarquer dans des histoires impossibles. Lire un Brussolo c’est se dire que tout peut arriver, surtout le pire, et c’est pourquoi c’est généralement aussi jouissif. A chaque page, tu t’attends à l’insoutenable, tu sais que ça va arriver, mais tu ne sais pas quand. Parce que tu le connais et que tu sais de quoi il est capable, tu stresses inutilement, tu te fais des films et au final, même si rien ne se produit, à la page suivante, le même cirque recommence… mon Dieu, mon Dieu, mais qu’est-ce qu’il me prépare encore ?!

 Mais trêve de blablas inutiles ! Je suis là pour parler d’Armés et dangereux et je m’embarque dans tout autre chose… pas bien !

 Comme je le disais donc plus haut, c’est un roman court mais intense. Difficile à lâcher avant la fin. Contrairement à d’autres titres, il reste d’ailleurs plutôt soft au niveau de la violence, je crois que c’est un peu ce qui m’a surpris lors de ma première lecture. Ce qui n’enlève rien au charme de cette histoire, bien au contraire. Je crois que rajouter du gore et du sensationnel là-dedans n’aurait servi à rien, sinon à le faire tomber dans la nanardise la plus complète. Là, j’ai trouvé la violence bien dosée, parfaite pour ce genre d’histoire.  Et même si une bonne partie du mystère était éventée, une autre m’était complètement sorti  de la tête, si bien que je me suis de nouveau laissé surprendre pas certains évènements.

 La première fois, par contre ! La baffe ! Je me suis senti complètement manipulé. J’étais persuadé que cette fois, ahahah, j’avais enfin trouvé le pourquoi du comment de tout ça avant la grande révélation finale. Quelle bêtise ! Je ne me suis rendu compte que bien trop tard que la jolie solution que j’avais échafaudé m’avait en fait été soufflé par Brussolo lui-même et, qu’encore une fois, je m’étais laissé piégé. Je crois que c’est depuis ce roman que j’ai laissé tomber l’idée d’arriver un jour à être plus malin que lui.

 J’étais donc ressorti de ma lecture avec des étoiles plein les yeux, à me demander encore une fois quel était ce fichu secret qui lui permettait de manipuler le lecteur avec autant de facilité. La seule chose que je suis parvenu à comprendre c’est que, généralement, quand c’est trop évident, ce n’est jamais la solution.

 L’histoire repose pourtant sur une idée assez simple : une maison où a eu lieu une fusillade qui a coûté la vie à un couple de malfaiteurs célèbres et un magot que l’on n’a jamais retrouvé, mais que beaucoup pensent encore dissimulé quelque part dans la propriété. Ce qu’arrive à en faire Brussolo, c’est fort, c’est très fort. Tu ne sais plus bien ce qui est vrai ou faux, ce qui fait partie du mythe ou de l’imagination de chacun. Tu t’embrouilles, tu échafaudes des plans en même temps que Peggy, en vain ! Celui qui aura trouvé la solution avant qu’elle ne lui soit gracieusement expliquée par l’auteur est un caïd. Sérieux !

 Pour personnage principal, nous avons Peggy, une romancière quelque peu… au bout du rouleau. Son premier roman a été un succès. Le second, elle n’est jamais parvenue à l’écrire. Elle si certaine que la richesse lui ouvrait les bras se retrouve à présent à essayer de survivre comme elle peut, contrainte de vivre dans un immeuble envahis par les cafards, avec comme seule rentrée d’argent le peu qu’accepte de lui verser sa maison d’édition. Pas bien joyeux comme situation et clairement pas enviable.

 Aussi, quand l’exterminateur lui propose un plan pour se faire 1000$ en seulement une semaine, pour sûr qu’elle n’est pas bien difficile à convaincre ! D’autant que la maison où se déroule le stage est justement celle où ont péri Kitty et Dum… une chance pour elle de pouvoir approcher ce lieu interdit au public.

 L’histoire commence vraiment doucement, parce que l’auteur prend le temps de nous présenter Peggy, sa situation, son passé, ses espoirs… et puis, sans crier gare, l’horreur s’abat et tout s’enchaine à une vitesse folle jusqu’au dénouement final. C’est un peu comme si Brussolo avait essayé d’endormir ta vigilance, de te souffler : tu vois, tout va bien… tout va bien ! Et puis, bam ! Ahaha ! T’y as vraiment cru, hein ?

 D’ailleurs…  que voulez-vous que je vous dise de plus ? Je pourrais bien vous parler de Tolokine, ce vieux gardien qui semble croire aux revenants, de Kitty et Dum, des autres protagonistes, de cette ville fantôme construite au milieu du désert, de cette maison inachevée aux murs criblés de balles… mais j’aurais vraiment trop peur de spoiler. En conclusion, tout ce que je peux dire c’est que j’ai adoré cette histoire.

Discussion

Les commentaires sont fermés.

En relecture