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Vous manquez de tenue, Archibald ! – Charles Exbrayat

vous-manquez-de-tenue,-archibald---114870-250-400Édition lue : Éditions du Masque ( 1965 )

Nombre de pages : 190

Genre : Humour/Espionnage

Résumé :

Ruth Truksmore, bien qu’elle ne brûlât pas pour lui d’une flamme très vive, était fort heureuse de devenir lady en épousant le baronet sir Archibald Lauder à qui elle avait oublié de révéler son appartenance au M 15.
Mis au courant, sir Archibald s’entête à suivre sa femme — parce qu’elle est sa femme — dans des histoires auxquelles il ne croie pas, puis qui le dégouteront. Mais le baronet semble ignorer complètement que l’action des Services Secrets doit être… secrète et jamais, de mémoire d’a-gent, on avait vu pareil olibrius racontant ses aventures à tout le monde y compris aux policiers !

Blabla :

Que voilà un bon petit Exbrayat comme je les aime !

Je ne suis pourtant pas, à la base, un inconditionnel du roman d’espionnage. C’est en fait même un genre qui me plaît peu. Mais quand ce même monde de l’espionnage est mis en scène par le père Exbrayat, c’est toujours irrésistible. Bon, il faut reconnaître que ce n’est pas leurs histoires, qui, de mon point de vue, sont souvent assez simples, voir classiques, mais bien l’humour de l’auteur qui rend ces romans si attachants.

« Vous manquez de tenue Archibald » raconte l’histoire d’un mariage un peu hâtif qui ne tarde pas à tourner au vinaigre. En effet, découvrant les sentiments qu’a pour elle le bien nommé Sir Archibald Lauder, Ruth voit dans cette union la possibilité pour elle de s’élever socialement… seulement, leur idylle vole en éclat le soir même de leur nuit de noce, alors qu’elle annonce à son supposé gentleman d’époux qu’elle travaille en réalité pour les services secrets britanniques. Malheureusement, Archibald ne l’entend pas de cette oreille, et derrière les aveux de sa femme, et l’annonce de son départ en mission pour Vienne, notre homme se persuade qu’elle entretient en réalité une liaison. Une liaison qu’elle cherche à lui dissimuler derrière ce mensonge honteux et, foi de Lauder, il ne laissera pas passer un tel affront ! C’est donc escorté par un époux qu’elle découvre sous un jour nouveau que Ruth est expédiée en Autriche… et pas facile de faire preuve de discrétion quand on a pour pot de colle un mari jaloux, obtus et bien décidé à les prendre sur le fait, elle et son amant imaginaire.

Le livre est court. Il se lit d’une traite et c’est bien difficile de le reposer tant les situations que décrit l’auteur sont à se tordre. Archibald est ni plus ni moins que le boulet dans toute sa splendeur. Incapable de croire en la parole de sa femme, il en devient aussi infernal que puéril, n’hésitant pas à la mettre en danger elle, comme ses collègues, par ses bavardages incessants sur leur supposé appartenance au MI. 5. Il fait preuve d’une telle imagination quand il est question d’expliquer les situations auxquelles il est confronté qu’il en devient désespérant. Mais, s’il est terriblement agaçant par son côté fiston pourri gâté qui ne peux rien entreprendre sans demander la permission à sa maman, il est également très drôle, car tellement grotesque. Il n’est pas difficile de plaindre la pauvre Ruth, dont les efforts pour le calmer ne cesseront d’aggraver les choses.

Pourtant, à côté de cette attitude excentrique, et digne d’un gamin de primaire vexé, il arrive régulièrement à Archibald d’être brillant dans ses dialogues. C’est d’ailleurs en ça que les romans d’Exbrayat sont souvent géniaux. Outre les situations, c’est surtout par ses dialogues qu’il parvient à rendre ses histoires aussi drôles. Au contact d’Archibald, les commentaires de chacun des protagonistes sur son compte, et entrant en conflit avec lui, sont absolument jouissifs. Ils ont beau avoir de la répartie, Archibald, lui, en a bien d’avantage, si bien qu’il est difficile de lui clouer le bec. Les situations, également, dans lesquelles il se met sont délirantes… et souvent décalées. Avec son flegme anglais poussé à l’exagération, son attitude de noble si snob, si sûr de lui, on peut aller jusqu’à le menacer qu’il parvient encore à sermonner son agresseur pour sa mauvaise éducation.

Bien sûr, l’histoire reste assez classique, bien sûr, les personnages et leur culture sont souvent caricaturés à l’extrême ( Ici les Anglais. ), mais pour ce dernier point, en tout cas, c’est un peu comme une sorte de marque de fabrique de l’auteur. L’exagération alimente l’humour en permanence.

Bon, le coupable du pourquoi du comment de tout ce micmac n’est pas difficile à deviner, mais ce n’est pas vraiment gênant. Ma seul petite déception concerne la fin. Je l’ai trouvé quelque peu précipitée et sans surprise. Elle me laisse un sentiment mitigé, mais c’est vraiment le seul que j’ai pu ressentir durant ma lecture.

 « Vous manquez de tenue Archibald » n’est donc pas un coup de cœur, mais il n’en est pas loin !

En relecture