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Meddik – Thierry Di Rollo

9782070321131Édition lue : Folio SF ( 2008 )

Nombre de pages : 288

Genre : Science-fiction / Anticipation

Résumé : À Grande-Ville, John Stolker est en sécurité dans le quartier des Justes. Richissime héritier de l’empire Gormac, il ne supporte plus son père, ses professeurs, ses amis, et contemple le monde qui se délite. L’humanité ne sait plus que faire de ses déchets, les pauvres se déchirent au nom de religions sans signification, quand ils ne sont pas tout simplement décimés par les vautours mutants qui hantent la cité fantôme. Rongé par la haine et porté par la drogue, Stolker va suivre Meddik, l’éléphant géant, et se lancer dans une croisade meurtrière dont personne ne réchappera. Thierry Di Rollo radicalise encore sa démarche artistique, faisant de l’ellipse et de la métaphore des armes de dissection massive. Avec Meddik, il propose un roman de science-fiction qui dérange, un texte coup-de-poing, et confirme tout son talent, mis au service d’une œuvre à part.

Blabla :

Meddik est un roman étrange. Je ne suis pas certain de l’avoir complètement compris.

Nous y suivons John Stolker, un personnage pour le moins inhabituel, drogué, sadique, qui se soucie peu de son prochain.

Le monde que nous décrit l’auteur n’est pas très reluisant. D’un côté, le haut du panier, les Justes, comme ils s’appellent, qui jouissent de tous les privilèges et de toutes les richesses, de l’autre, un monde violent où différents groupes se livrent une guerre sans merci : Les croyants et les non croyants.

Au-dessus de ces populations tournent des prédateurs, toujours prêt à se jeter sur l’inconscient qui aurait le malheur de rester un peu trop longtemps en terrain découvert. Des vautours immenses qui, jour après jour, ajoutent de nouvelles victimes au carnage qui a déjà lieu sous eux. Et pendant ce temps, sur une Mars terraformée, une nouvelle civilisation voit le jour. Bien décidée à ne pas commettre les mêmes erreurs commises sur Terre.

Au milieu d’eux, John Stolker représente un peu, comme qui dirait, un camp à lui tout seul. Né Juste, fils d’un homme aussi riche qu’apparemment puissant, John passe le plus clair de son temps à s’essayer à de nouvelles drogues que lui déniche son ami Roman. Incroyant, il est animé d’une haine à l’égard de son père et, en fait, à l’égard de la société dans laquelle il évolue. Son premier meurtre le fait complètement basculé. Une brèche s’ouvre et il s’y glisse tout entier pour fuir ce monde sécurisé qui est le sien. Dès lors, sa route se jonche de cadavres, autant ennemis qu’alliés, parfois pour le plaisir, parfois parce que l’autre a eu le malheur de le gêner, d’autres fois parce que ça l’arrange.

Stolker est vraiment un personnage qui m’a surpris. Froid, possédant peu, voire pas du tout, de pitié, œuvrant pour son seul intérêt. Et quel intérêt, d’ailleurs ? Celui de rester en vie ? Pour assouvir ses pulsions ? Ce n’est pas un personnage facile à cerner. Ses réactions, si elles sont souvent radicales, sont généralement surprenantes. C’est même quelqu’un de plutôt antipathique et méprisable, se qualifiant lui-même de lâche. L’auteur nous permet de le suivre à quatre époques différentes de sa vie. Le temps passe pour Stolker, mais on ne peut pas vraiment dire que son cas s’arrange.

Pourtant, en quelques rares occasions, le texte nous livre un autre visage de ce personnage. Face à certaines morts, sa carapace d’insensibilité parvient à se briser. Le rendant, d’une certaine façon, plus humain.

Cela dit, ce n’est pas un personnage à qui l’on peut vraiment s’attacher, mais plutôt pour lequel il est plus facile de ressentir du dégoût, que de la sympathie. Et c’est justement ce qui le rend intéressant.

La drogue a également son importance dans cette histoire, vu qu’avec la mort, elle représente un peu tout l’univers de Stolker. Et c’est un peu les parties de Meddik qui m’ont semblé les plus hermétiques. Les délires du personnage, ses visions, ses longs monologues, tout ça, m’ont souvent semblé peu compréhensibles ( Et peut-être était-ce voulu. ), de fait que je suis souvent rester assez interdit. Le squelette qu’aperçoit souvent Stolker lors de ses délires, mais l’éléphant Meddik, également… s’il y avait quelque chose à comprendre derrière leur présence, alors, je suis complètement passé à côté.

Au final, c’est un roman tout de même très sombre et violent. Jusqu’au bout, Stolker sera resté fidèle à lui-même. Au point d’en arriver à des extrémités pitoyables pour espérer continuer cette existence de dépendance.

En bref, même si j’ai trouvé ce roman quelque peu hermétique par moments, au point qu’il m’a laissé un arrière-goût de frustration, je ne regrette pas ma lecture qui, à de nombreux moments, fut déroutante.

Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

pp1438-1977Edition lue : Editions Presses Pocket ( 1984 )

Nombre de pages : 284

Genre : Science-fiction/Anticipation

Résumé :

Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d’oeuvre de la littérature d’anticipation, a fait d’Aldous Huxley l’un des témoins les plus lucides de notre temps.
Aujourd’hui, devait écrire l’auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s’abatte sur nous dans le délai d’un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d’ici là de nous faire sauter en miettes… Nous n’avons le choix qu’entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique.

Blabla :

Je me suis vraiment demandé si je devais faire un article sur ce roman. Déjà parce que des avis à son sujet, ce n’est pas ce qu’il manque ( Et j’avoue préférer chroniquer des bouquins un peu moins connus. ), mais aussi parce qu’il n’est vraiment pas évident de le résumer et d’en parler sans écrire des tartines sur son compte.  En fait, ça fait plusieurs jours que je l’ai terminé et que je pèse le pour et le contre. Mon avis risque donc d’en pâtir, mais tant pis…

Le meilleur des mondes place son action dans un monde futuriste où le mot liberté ne semble pas vraiment avoir sa place. Les classes sociales sont très présentes, les enfants ne sont plus conçus par les voies naturelles, mais dans des usines ( On peut qualifier ça d’usine, à mon avis. ), à la chaine, où les embryons, mais aussi les jeunes enfants, subissent des traitements bien différents suivant qu’on les prédestines au haut du panier ou non.

Les gens y sont endoctrinés depuis leur plus jeune âge. Programmés, même. On passe son temps à… travailler, faire du sport et baiser à droite et à gauche. C’est simple, tout comportement qui se distingue un peu trop de celui de la masse est tout de suite pointé du doigt. On y aime l’uniformité.

Au rang des absents, on peut également citer l’ambition. Car suivant que vous soyez né Alpha ou Epsilon ( Ou bien sûr, la majorité est constituée de classes inférieures, clairement lobotomisées avant leur naissance ( et même après), servant de bétail pour les travaux les plus ingrats, tandis que les classes supérieurs, à qui tout est dû, sont représentés par une minorité. ) … ou, n’importe quoi d’autre, vous devez vous contenter de votre case toute votre existence durant et ne surtout pas en espérez plus. D’un autre côté, tous ont été si bien endoctrinés qu’aucun n’irait se plaindre ou chercher à changer sa condition. Ils sont heureux. Du plus bas de l’échelle, jusqu’en haut… et si un petit coup de blues se fait sentir, hop ! Enquille-toi un ou deux soma et tu verras la vie en rose !

Dans ce monde également, l’idée d’avoir un père et une mère est quelque chose d’obscène. Ça n’existe pas. Idem, tout le monde appartient à tout le monde, c’est-à-dire que les couples n’existent pas d’avantage. La norme est de faire des galipettes avec un partenaire différent chaque fois qu’on le désir. Et les gosses sont, quant à eux, entraînés à cet exercice depuis leur plus jeune âge…

En fait leur vie est vraiment… heu ! Répétitive et calquée sur le modèle de leur voisin. Une activité solitaire y est aussitôt suspecte.

Et… j’en suis là et j’ai encore beaucoup à dire sur ce monde et son fonctionnement ( Qui est d’ailleurs bien pensé de la part de l’auteur et carrément flippant. ). Mais je pense que je vais en rester là pour laisser à ceux qui voudraient le lire découvrir par eux-mêmes ce qui reste.

Mais où en étais-je déjà ?

Les personnages ne sont pas vraiment attachants… ils sont mêmes, pour la plupart, assez exaspérants. Entre autres, je vais citer Bernard, qui malgré sa différence et le fait que ce défaut lui vaille d’être malmené, est terriblement vantard et aime en faire des tonnes pour essayer de se faire mousser; Lenina qui a un peu trop tendance à se considérer comme un morceau de viande, car formatée comme il faut par la société; John qui, provenant d’un autre « monde », passe son temps à citer Shakespeare comme s’il récitait des versets de la Bible, et qui forme à lui tout seul une sorte de cliché du croyant extrémiste…

Leurs défauts, comme leurs différences, font, d’une certain façon, qu’ils sont intéressants… même si têtes à claques. Parmi eux, le seul que je sois parvenu, quelque peu, à apprécier est le Ford Menier. Pas très jojo, mais sa position, sa façon de penser, de raisonner ( Ce même si on ne peut pas vraiment cautionner. ) font que c’est certainement le personnage qui m’a le plus intrigué et que j’ai eu le plus de plaisir à découvrir.

Quant à l’univers, il y en a pas un, mais deux, et même trois dans un même monde. Il y a celui dans lequel la majorité des protagonistes évoluent, moderne, formaté, rigide, puis, il y a l’autre, celui dit des sauvages, une sorte de réserve où certains se rendent pour observer les descendants « dégénérés » de l’ancienne humanité, croyant en Dieu, monogame, craignant la mort, souffrant de vieillesse et de maladie etc., un peu comme ils viendraient observer des animaux.

Les deux mondes sont aussi peu enviables l’un que l’autre. D’un côté, uniformisation, de l’autre, la barbarie. C’est de cette réserve à sauvages que provient justement John. La confrontation entre ces deux univers, d’abord par l’arrivée de Bernard et Lenina en territoire sauvage, puis celui de John et sa mère dans celui de ces derniers, est intéressante. A cause du choc des cultures. La différence de réaction face à la mort, la différence d’interprétation du mot liberté, la confrontation des mœurs et des tabous. C’est l’aspect qui m’a le plus intéressé.

Et puis, je parlais d’un troisième univers. En un sens, il est représenté par ces lieux ( ces îles il me semble) où la société dominante expédie ses membres les plus étranges, ceux incapables de se fondre dans le moule, de rentrer sagement dans les rangs. Ceux-là, à ce qu’il semble, on les parque loin de la majorité pour les surveiller et éviter qu’ils ne répandent leur « maladie ».

Enfin bref, je pourrais encore en parler pendant un petit moment de ce bouquin. Mais je pense que le pavé que je viens de pondre est déjà suffisamment indigeste comme ça. C’est un roman dont j’ai longtemps repoussé la lecture, et que j’ai clairement adoré.

En relecture