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Charly

Charly a écrit 28 articles de encore1page

Toute ma vie, tome 1 – Mistinguett

006_001Édition lue : Editions Julliard ( 1954 )

Nombre de pages : 224

Genre : Autobiographie

Résumé :

Une célébrité mondiale comme Mistinguett se passe de présentation. Qui n’a applaudi la reine du music-hall ? Qui n’a au moins contemplé l’image de la vedette célèbre qui symbolise tout ce que la vie parisienne a de plus mousseux ou de plus chatoyant ? La publication des mémoires de Jeanne Bourgeois, la petite fille d’Enghien, devenue la Miss Tinguett des caf’con’ de la Porte Saint-Martin, puis, définitivement, Mistinguett, c’est la révélation d’un des documents humains les plus extraordinaires de l’époque. La créatrice avec Max Dearly de la « Chaloupée », la vedette des Folies-Bergère, l’inoubliable « Madame Sans-Gêne », la star du cinéma muet, parle. Mais parle aussi la Femme, héroïne d’un des plus beaux romans d’amour de ce demi-siècle. La guerre de 14 jette son ombre sur les derniers chapitres de ce premier volume dont les pages cruelles et tendes sont les tableaux d’une étourdissante « revue » du début du siècle.

Blabla :

Et cette fois-ci encore, c’est d’un coup de cœur dont je vais parler. Mais d’un coup de cœur dont la lecture date déjà de plusieurs mois.

Voilà quelques années que j’ai découvert la chanteuse ( et actrice ) Mistinguett et, en apprenant qu’elle avait écrit une autobiographie, j’étais curieux de découvrir ce qu’avait été la vie de cette grande artiste de Music-hall. Celle-ci se découpe en deux tomes, dont voici le premier. (Malheureusement, cette autobiographie n’est plus commercialisée à l’heure d’aujourd’hui et il est assez dur de la trouver à bon prix. De plus, les livres datant tout de même des années 50, ceux-ci sont assez fragiles. J’ai pu obtenir les miens en à peu près bon état, mais je dois vraiment y aller doucement quand je les manipule. )

Pour ceux qui ne la connaitraient pas, Mistinguett a été une artiste très célèbre dans les premières décennies du 20ème siècle. On ne peut pas dire qu’elle savait vraiment chanter, mais c’est ce qui fit son personnage, ainsi que ses mimiques et ses mises en scène. A l’époque, on prétendait qu’elle possédait les jambes les plus belles au monde, si bien qu’elle se les fit assurer pour je ne sais plus combien exactement… une petite somme, en tout cas !

Persuadée qu’elle serait un jour célèbre, Mistinguett a toujours tout fait pour réaliser son rêve, et ce depuis son enfance. A force d’acharnement, elle y est parvenue, et ce bien malgré les commentaires d’une certaine actrice de l’époque qui, alors qu’elle n’était qu’une gamine, lui balança clairement qu’elle était beaucoup trop laide et ferait mieux de se contenter d’ambitions bien plus modestes. On peut dire qu’elle a eu sa revanche, car célèbre, elle l’est devenue, certainement plus que ce à quoi elle s’attendait.

Si j’ai beaucoup aimé lire cette autobiographie, c’est déjà parce qu’on découvre un univers, celui du music-hall notamment, qui n’existe plus aujourd’hui. On suit Mistinguett depuis son enfance jusqu’aux années 20. Ce premier tome s’arrête après, si je ne me trompe pas, son premier voyage en Amérique. Avant ça, nous découvrons le parcours de Mistinguett, celui-là même qu’elle a dû mener pour parvenir à ses fins.  On assiste à sa relation avec Maurice Chevalier, à la guerre, à son activité d’espionne ( Si je ne m’abuse. ) durant celle-ci, dans le but de faire libérer Chevalier alors fait prisonnier. On suit aussi ses expériences, ses succès et ses déboires dans le monde du spectacle. D’ailleurs, en plus de nous permettre d’en apprendre d’avantage sur sa vie, ce livre a également pour qualité d’être un témoignage précieux pour ceux qui s’intéresseraient à cette époque.

Bon, je pense que je vais m’arrêter là car sans ça, je risque de tripler la taille de cet article. Je voulais juste préciser également que le livre est parsemé de photos d’époque retraçant différentes périodes de sa carrière qui sont vraiment sympas à découvrir. Je ne sais pas encore trop quand j’aurai l’occasion de lire le tome 2, mais j’espère, en tout cas, qu’il sera aussi passionnant que celui-ci.

Coup de cœur !

 

Intouchable, une famille de parias dans l’Inde contemporaine – Narendra Jadhav

9782213640068FSÉdition lue : France Loisirs ( 2003 )

Nombre de pages : 371

Genre : Récit/autobiographie

 Résumé :

Ce récit, fondé sur une exceptionnelle documentation familiale, raconte une histoire vraie, celle d’une famille d’intouchables vivant dans l’ouest de l’Inde au XXe siècle.

Un jour de 1927, Damu, le père de l’auteur, refusant de subir une humiliation de plus, se révolte et, la nuit tombée, quitte le village en compagnie de sa femme Sonu… Commence alors une aventure qui conduit le couple à vivre les situations les plus extrêmes, celles de l’intouchabilité au jour le jour ici et là dans le pays, et à Bombay notamment – misère, violence, mépris -, puis à rejoindre le mouvement de lutte pour l’émancipation dirigé à l’époque par un intouchable formé aux États-Unis, fils des Lumières, le fameux Babasahed Ambedkar, le grand rival de Gandhi dans les années 1930, l’homme qui rendit leur dignité aux misérables. Ce combat est loin d’être achevé aujourd’hui, car si le système des castes a été officiellement aboli en 1950, il continue à prospérer et à régenter la vie des Indiens sous des formes plus ou moins insidieuses, tant en ville qu’à la campagne. Ce dont témoigne aussi cette histoire bouleversante.

Lors de sa divulgation en Inde il y a deux ans, ce récit d’aventures a été fêté comme un événement.

Blabla :

J’ai l’impression de n’avoir que des coups de cœur ces derniers temps. « Intouchable » est l’un d’eux ! Un récit sur lequel je lorgnais depuis un sacré bout de temps et que je me suis enfin décidé à me procurer.

« Intouchable » est donc le récit d’une famille de parias Indiens, qui se déroule à la fin des années 20/début 30, jusqu’en 97. Et plus particulièrement d’un couple, Sonu et Damu. Ce dernier qui, contrairement à la tradition, décide de se rebeller contre un système de caste qui le fait souffrir et l’étouffe.

En Inde, les Intouchables représentent la caste la plus basse et la plus méprisée de la société. Leur existence, à cette époque, était un combat de tous les instants. Ils n’avaient pas le droit de toucher une autre caste, de boire au même puits qu’eux ( Parce qu’alors, cette eau était considérée impure), de fréquenter les temples, d’espérer un meilleur avenir… en fait, les Intouchables étaient moins que des esclaves, moins que des animaux. La plupart vivaient dans la misère sans jamais pouvoir espérer améliorer sa condition, car sa caste, on y reste jusqu’à sa mort.

Beaucoup se satisfaisaient de leur sort, ne cherchaient pas à se rebeller ou à faire entendre leur voix. Ils accordaient foi à la légende selon laquelle ils étaient nés Intouchables par la faute des mauvaises actions de leur vie passée et que pour se nettoyer de toute cette salissure, il leur fallait souffrir, se laisser maltraiter dans cette vie, ce pour  espérer renaître dans une caste plus aisée dans la suivante. Si la situation des Intouchables s’est aujourd’hui améliorée, les discriminations à leur égard (Comme les meurtres), n’ont pas complètement disparues. Et c’est la vie de deux représentants de cette caste que nous suivons. Celle de leur famille, puis de leur fils, Narendra Jadhav.

Leur combat force le respect. Que ce soit Sonu, mais aussi Damu, tous deux se sont démenés pour parvenir à un avenir meilleur. Certes, d’avantage Damu, le mari, que Sonu, sa femme, qui, bien plus qu’elle, était conscient de l’injustice dont ils étaient les victimes et ne parvenait à l’accepter. On découvre leur enfance, leur jeunesse, on les suit jusqu’à leur vieillesse, en fait, jusqu’à la mort de Babasaheb, un Intouchable qui, après avoir fait son éducation aux États-Unis, est revenu dans son pays pour faire comprendre à ceux de sa caste qu’ils avaient le droit au même respect que n’importe quel être humain. Damu est un admirateur presque aveugle de cet homme et fera certainement parti de ses plus fervents partisans. Petit à petit, le récit nous permet de découvrir ce qu’a été cette révolte, et ce que ce couple a dû endurer pour parvenir à une meilleure existence.

La façon dont on traitait alors les Intouchables était clairement inhumaine. Ils n’avaient aucun droit et étaient constamment victimes des sauts d’humeur des autres castes.

Le récit se construit sur les témoignages de Sonu et de Damu. Chacun à leur tour, ils racontent leur histoire. Puis, la dernière partie, elle, est écrite par leur fils, l’auteur, qui après avoir recueilli et retravaillé les témoignages de ses parents, offre au lecteur une vision de ce qu’était l’Intouchabilité pendant son enfance, jusque dans les années 1990. Il nous permet d’avoir un petit aperçu de son parcours, de ce que le combat de Babasaheb et de ses fidèles a permis d’obtenir et de changer pour des jeunes comme lui. Le récit de ces deux générations sont complémentaires et aussi intéressantes à lire l’une que l’autre.

Encore un livre qui n’est pas toujours très joyeux, mais qui permet de découvrir une facette de l’Inde parfois méconnue, et d’en apprendre un peu plus sur la culture Indienne qui est, il faut bien l’avouer, aussi riche que complexe.

 Coup de cœur !

Dossiers vampire tome 3 : Ronde de sang – P.N Elrod

370249Edition lue : J’ai Lu ( 2006 )

Nombre de pages : 284

Genre : Fantastique/Policier

Résumé :

Ah ! Que c’est bon de retrouver New York ! Jack Fleming a beau se plaire à Chicago, retrouver la ville de ses débuts de journaliste lui donne des ailes.
Broadway, le music hall, les danseuses… Pour être vampire, on n’en est pas moins homme ! Même Charles Escott, tout citoyen britannique qu’il soit, en convient. Le détective vampire n’est cependant pas venu à New York pour se donner du bon temps, mais pour y suivre la trace de Maureen, sa bien-aimée évaporée dans la nature cinq ans plus tôt. Ce qu’il ne sait pas, c’est que les vampires de la bonne société new-yorkaise peuvent se révéler bien plus dangereux que les vrais suceurs de sang.
Pour ne pas se retrouver avec un pieu en travers du cœur, Jack va devoir apprendre, et vite.

Blabla :

Pour ce troisième tome, Fleming décide de repartir sur les traces de Maureen et quitte Chicago pour New-York et Long Island en compagnie de son ami, et associé, le détective Charles Escott. La piste déjà flairée par ce dernier dans le tome précédent vont les mener jusqu’à d’anciennes connaissances de Maureen… et peut-être bien jusqu’à elle.

Une aventure aussi sympa que les précédentes. Le mystère qui entoure la disparition de Maureen finit de se dévoiler et de nombreuses surprises sont à prévoir tout au long de sa lecture.

L’ambiance générale, elle, s’assombrit, tout comme le personnage de Jack. Bon, je n’ai pas grand-chose à dire sur ce nouveau tome, et ça doit se sentir. ( Cet article risque même d’être très court. ) L’enquête est peut-être un peu plus mise en avant que dans les tomes précédents, ce qui n’est pas une mauvaise chose de mon point de vue. Après, l’humour est toujours présent, les protagonistes évoluent quelque peu et de nouveaux apparaissent, éclipsant ceux restés à Chicago. ( Et j’ai un peu envie de dire « tant mieux », parce que les roucoulades Bobby/Jack commençaient un peu m’agacer. )

Ce tome mettant fin à la recherche de Jack, et donc à ce qui, à la base, constituait un peu le « moteur » de cette série, je me demande sur quoi celle-ci va bien pouvoir rebondir à présent. C’est que je m’inquiète un peu pour les trois tomes qu’il me reste à lire… certains avis que j’avais lu à leur sujet n’étaient pas très encourageants.

Cela étant, et je vais me répéter, ce tome fut une agréable lecture. Si la série s’était arrêtée là, je pense que ça n’aurait pas été un problème ( Quoique… le passé quelque peu mouvementé d’Escott ne nous a pas été totalement dévoilé. ), puisque ce « Ronde de sang » offre une conclusion à toutes les interrogations que le lecteur avait pu se poser jusque-là.

J’attends donc de voir ce que me réserve la suite des « Dossiers vampires ».

Les innocents de Paris – Gilbert Cesbron

92664Édition lue : Le Livre de Poche ( 1944 )

Nombre de pages : 249

Genre : Classique/Contemporain

Résumé :

Face à Paris ville de pierre, cent baraques en planches nichées dans la verdure des taillis et des potagers forment une petite cité agreste, la ville de bois. Séduisante entre toutes sous son arbre, le premier fleuri au printemps, la Cabane brille de ses multiples carreaux de couleur. A sa porte une pancarte: « N’ayez pas peur ! Chien gentil. » Cinq enfants ont annexé ce royaume. C’est là qu’ils se préparent à de joyeuses expéditions. Mais si la quête du tunnel secret ou la poursuite du photographe se soldent par de curieuses leçons d’histoire, la bande provoque le Destin le jour où elle décide une offensive contre le Parc Monceau. Le temps d’un printemps, la magie des Innocents déploie toutes ses ressources dans le cadre du Paris de 1925 qui avait encore un octroi à ses portes et des jardins sur ses fortifications – et donne naissance à ce charmant et pathétique roman sur l’enfance couronné en 1944 par le Prix de la Guilde du Livre de Lausanne.

Blabla :

Gilbert Cesbron est un auteur que j’ai découvert avec « Notre prison est un royaume. ». Absolument par hasard, en réalité. J’avais trouvé le titre cité plus haut à 1€ dans un magasin d’occasion et… comme c’était pas cher, je me suis dit : pourquoi pas ? J’ai dû mettre deux ans avant de me décider à le lire. Aujourd’hui, c’est un auteur que j’apprécie vraiment et dont je compte bien découvrir les nombreux titres.

Ecrit en 1942 et publié en 1944 ( mais se déroulant apparemment en 1925 si j’en crois le résumé), « Les innocents de Paris » est le premier roman de Cesbron à être publié. Et, franchement, je pourrais juste le résumer par : « absolument génial », tant ce roman m’a plu et si je voulais vous éviter le long pavé qui risque de suivre. Mais ce serait un peu ( beaucoup ) faire mon flemmard.

Bref, mais que raconte « Les innocents de Paris » ?

Eh bien, nous y suivons une bande de gamins installés au milieu de la ville de bois, sorte de petit rassemblement de maisons précaires, où vivent beaucoup de vieilles personnes, et qui constitue l’univers de cette petite troupe. C’est ici qu’ils ont leur cabane, leur repère, non loin des murs de Paris. Ils sont six, des plus petits et des plus âgés, tous différents, que ce soit Vévu et son cheveux sur la langue, Martin qui se prend pour le chef et vénère chaque parole et principe de son père, Milord, qui passe le plus clair de son temps à mentir ou à exagérer le moindre petit évènement qui lui est arrivé, Cypriano avec son visage qui paraît déjà être celui d’un adulte, le Gosse, le petit de la bande, évoluant dans l’ombre de Martin ou même Lancelot, dont ses colères et sa haine pour les riches fait bégayer. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls personnages. Les autres sont également uniques, des vieillards pour la plupart, aux particularités et manies bien propres à chacun. Mais ce sont surtout les enfants, qui sont le centre de cette histoire, ou plutôt de ces histoires.

Car le texte se découpe en chapitre qui, chacun, fait penser à une nouvelle aventure, un nouvel épisode, où souvent, l’un des bambins est à l’honneur. Nous avons Lancelot qui se prend pour le nouveau messie, Vévu qui découvre le monde fou et même rude des adultes en prison, Milord et ses expéditions où la moindre de ses actions est immédiatement exagérée jusque dans son esprit… les textes sont incroyablement vivants, drôles, touchants. Le roman a beau mettre en scène des enfants ( dont l’âge n’est pas spécifié, ce qui m’a un peu perturbé. ) c’est un texte parfaitement adapté à un public adulte. Il lui arrive d’être sombre et cruel. La fin, par exemple, est particulièrement dure.

Les classes sociales y sont également confrontées ( surtout dans un texte particulièrement drôle et à la narration qui tranche avec le reste du bouquin. ), ainsi que le monde des adultes avec celui des enfants.

Le style, lui, est travaillé, riche, en tout cas en comparaison de ce que je lis habituellement. C’est vrai que, comme pour « Notre prison est un royaume », il m’a fallu un petit moment avant de parvenir à m’y faire et pouvoir plonger dans l’histoire. Faut dire que passer de « Dossiers vampire » aux « Innocents de Paris », ça a de quoi surprendre un peu. ( Rire )

 Pour conclure, j’ai juste adoré. De bout en bout, et c’est, je pense, le genre de roman que je relirai à l’occasion tant la façon dont l’auteur a de faire vivre ses textes m’enchante.

Le facteur sonne toujours deux fois – James M. Cain

couv8157068.gifÉdition lue : Folio ( 2000 )

Nombre de pages : 151

Genre : Roman noir

Résumé :

Chômeur à vingt-quatre ans, Frank Chambers arpente les routes, une petite valise à la main, à la recherche d’un emploi. Il s’arrête à une station-service restaurant. Le patron, Nick Papadakis, qui exploite l’établissement avec son épouse Cora, lui propose un travail. Après avoir aperçu la jeune femme, Frank accepte de rester et devient rapidement son amant. Ensemble, ils décident de tuer Nick.

Blabla :

Dans ce roman nous suivons Franck, un vagabond qui se retrouve, sans le vouloir, jeté au milieu de nulle part après avoir tenté de voyager illégalement à l’arrière d’un camion. Et c’est sur cette route californienne qu’il va tomber sur la Taverne des Chênes-Jumeaux. Une gargote où il va se voir proposer du travail. Tout d’abord réticent à l’idée de rester travailler dans un tel trou, c’est la vision de la femme du propriétaire, Cora, qui va le décider. Entre lui et Cora une passion va naître.

« Le facteur sonne toujours deux fois » est un roman noir. Et comme souvent avec le genre, l’ambiance tourne au sordide.

Nous avons ces deux-là, Cora et Franck qui s’amusent aux cabrioles derrière un mari, surnommé le Grec, qui ne voit rien. Bon. Pas de quoi fouetter un chat. Le problème survient quand ces deux-là décident de liquider le Grec. Pour quelle raison ? Mais pour avoir la paix, pardi ! A la base, ce n’est pas l’idée de Franck. Lui tenait d’abord à s’enfuir avec Cora, mais elle, trop attachée à son confort actuel, refuse. Dès lors, la seule solution pour eux de poursuivre cette relation est de le supprimer.

Ce qui rend l’idée sordide, ce n’est pas tant qu’ils veuillent le tuer… ce pourrait être un salaud, un type qui malmène en permanence Cora, qui en ferait baver à Franck sous prétexte que le patron, ici, c’est lui. Mais en fait, pas du tout. Le Grec est un type qu’on pourrait qualifier de trop confiant. Il n’est pas vraiment détestable, il est même parfois bonne pomme. Aussi, imaginer qu’on puisse vouloir se débarrasser de lui pour une simple histoire de cul et de confort est assez peu agréable. C’est, je pense, ce qui fait l’intérêt de ce roman. En tant que lecteur, tu assistes aux manigances de ces deux-là, de ces deux amants qui sont censés être les protagonistes principaux du texte, et tu ne peux même pas leur donner raison. Dans l’affaire, on ne peut pas dire qu’ils aient d’excuses.

Le style de l’auteur, lui, est sans fioriture. Très peu de descriptions, pour ne pas dire pas du tout. Des phrases qui vont à l’essentiel, des dialogues omniprésents. ( Il faut apprécier, quoi. Personnellement, ça ne m’a pas gêné. ) Les 150 pages de ce roman sont vites englouties, et pourtant, les péripéties sont multiples. D’avantage que ne le laisserait supposer un texte aussi court.

Personnellement, j’ai bien aimé. C’est le genre de texte qui laisse la morale au placard et dont la fin, comme le reste, est particulièrement sombre.

La troisième fille – Agatha Christie

couv9257119Édition lue : Club des masques ( 1985 )

Nombre de pages : 256

Genre : Policier

Résumé :

Cette fois-ci, après un épuisant effort intellectuel, la rédaction de son  » œuvre maîtresse « , une analyse des maîtres du roman policier, Hercule Poirot est bien décidé à jouir d’un repos mérité… N’a-t-il pas plus d’une fois prouvé qu’il était le roi des détectives, l’infaillible dont la réputation n’est plus à faire ? Impossible de mettre en doute ses capacités… Et pourtant, voilà qu’une jeune femme vient lui déclarer qu’il est trop vieux pour l’aider ! Alors qu’elle-même est venue le consulter au sujet d’un crime qu’elle n’est pas sûre d’avoir commis… Ah ! cette nouvelle génération… Cheveux longs, idées courtes… Mais Poirot va leur montrer… Trop vieux, lui… Non, mais!

Blabla :

Bien que j’apprécie généralement beaucoup les romans d’Agatha Christie, surtout quand elle met en scène Hercule Poirot, j’avoue que je ne sais jamais trop quoi dire sur leur compte. C’est ce qui m’arrive avec ce « La troisième fille », une enquête pourtant divertissante et plutôt tordue.

Dans ce roman, Hercule Poirot reçoit la visite surprise d’une jeune femme qui dit avoir besoin de ses services. Pourquoi ? Parce qu’elle pense avoir commis un meurtre. Drôle d’entrée en matière, d’autant que la jeune personne, en découvrant notre détective moustachu, se ravise en prétendant qu’il est trop vieux pour s’occuper de son problème et le quitte… sans rien ajouter d’autre. Choqué, Hercule Poirot n’en est pas moins intrigué et c’est un coup de téléphone de son amie romancière, Mrs Oliver, qui va lui permettre de découvrir l’identité de cette visiteuse… puis de se lancer sur la piste de ce meurtre qu’elle pense avoir commis.

Une enquête mystérieuse qui révèle ses secrets au compte goûte, le tout saupoudré d’un humour léger, mais toujours bienvenu. Poirot est un personnage particulièrement vaniteux, et ça, l’auteur n’hésite jamais à le souligner. Idem, les réactions que peuvent susciter sa moustache dont il est si fier – et qu’il pense, à tort, admiré de ceux qui se mettent à la fixer.

Hercule Poirot, malgré ses défauts, est un personnage que j’apprécie beaucoup. Je pense même que ce sont ces mêmes défauts qui font le charme de ce petit bonhomme ventripotent.

L’histoire, quant à elle, et si je ne me trompe pas, se passe durant les années 60. On y parle jeunesse aux cheveux longs et aux mœurs souvent critiqués par leurs aînés… peut-être parfois un peu trop gratuitement, ce qui nous offre un conflit de générations où les deux camps ne parviennent pas toujours à se comprendre.

Si l’enquête en elle-même est bien foutue, dans le sens où il n’est pas simple de deviner l’identité du responsable caché derrière cette histoire, j’ai tout de même eu du mal à adhérer complètement à cette révélation. ( C’est vraiment le point de cette enquête qui m’a le moins convaincu… même si c’était effectivement malin et, j’ajouterai, qu’il fallait y penser. )

Un bon petit Poirot que j’ai eu plaisir à lire.

Harlem – Eddy L.Harris

harlem_couvÉdition lue  : Editions Liana Lévi ( 2007 )

Nombre de pages : 288

Genre : Récit

Résumé :

Harlem.
Le seul bout de terre qui appartienne totalement aux Noirs d’Amérique. Dans le bien et le mal. De plus en plus dans le mal. Cela n’empêche pas le narrateur de cette extraordinaire chronique de retourner y vivre. Et ce retour délibéré est le point de départ d’un voyage envoûtant dans le quotidien et dans l’histoire de ce quartier new-yorkais qui s’effrite physiquement et moralement: les appartements délabrés, les trottoirs sordides, les sacs-poubelles remplis de rats, les enfants livrés à eux-mêmes.
Mais aussi un quartier magique qui reflète l’identité d’un peuple en mal de reconnaissance. En somme, plus qu’un quartier: une inoubliable mère-patrie.

Blabla :

« Harlem » est un récit… sur Harlem, bien sûr !  Mais également sur son auteur et ses deux années passées dans ce quartier considéré comme l’un des plus dangereux des États-Unis.

La vision que nous présente ici l’auteur est celle, à la fois, d’une Amérique révolue, mais également moderne. Le passé et le présent se confrontent constamment, pour nous offrir une vision plus nette de l’évolution de la condition noire. Il m’est d’ailleurs difficile de définir le sentiment qui m’habitait quand je suis ressorti de ma lecture. Malaise ? Incompréhension ? C’est un témoignage en tout cas très fort.

Pour l’auteur, cette expérience était également une sorte de recherche. Comprendre qui il est. Ce qu’il est. Ce que signifie, pour lui, être un homme noir. En plus de ses rencontres, de ses pensées et de ses questions sur Harlem, quartier qu’il a connu plus jeune avant que lui et sa famille ne déménagent, il nous livre de nombreux souvenirs liés à son enfance, et à sa vie, en dehors de Harlem. Ce n’est pas un récit chronologique. L’auteur n’y suit pas une ligne toute tracée, mais, au contraire, laisse ses souvenirs aller et venir comme bon leur semble. Ce qui le rend très vivant, d’un côté, mais qui m’a une ou deux fois perdu.

Il n’est pas facile d’expliquer pourquoi Harlem, à la base si vivante, a pu chuter si bas. Je ne suis pas certain de l’avoir complètement compris, même après avoir refermé ce livre.

On y découvre le portrait d’une population qui n’a plus beaucoup d’espoir, qui s’entredéchire elle-même. Certains passages, comme certaines confessions, sont assez dures à lire. Parce que ce n’est pas une fiction, parce que ces histoires concernent des personnes réelles. ( D’ailleurs, une petite partie de ce récit concerne également les populations Latinos qui sont venues s’installer à Harlem. )

La pauvreté, la violence, la drogue, la prostitution… au milieu de tout ça, certaines personnes continuent de croire que les choses peuvent, peut-être, s’améliorer pour quelques-uns d’entre eux, mais elles sont rares. Il y a d’ailleurs quelque chose d’assez déprimant à songer qu’autrefois, Harlem était blanche et ne voulait pas des noirs. Puis, Harlem est devenue noire et c’est aujourd’hui qu’on n’y veut plus des blancs. Au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture, ce qui m’a le plus frappé, c’est cette impression qu’entre Harlem et le reste du pays, le contact était coupé, qu’un mur avait été dressé et qu’il devenait de plus en plus insurmontable.

Si ce récit m’a marqué, il m’a également beaucoup fait réfléchir.

 En bref, c’est un récit certes pas toujours très joyeux et parfois assez dur, où un certain recul est quelque fois nécessaire, mais qui permet d’ouvrir les yeux sur une réalité dont on n’a pas toujours conscience.

Coup de cœur !

Le chat aux yeux jaunes – Serge Brussolo

brussolo,serge-[agence 13-3]le chat aux yeux jaunesEdition lue : Fleuve Noir ( 2011)

Nombre de pages : 284

Genre : Thriller

Résumé :

Dans les années 60, l’actrice Peggy McFloyd a connu un succès planétaire grâce à la série télévisée « First Lady ». Aujourd’hui riche et âgée, elle s’est reconvertie dans l’action caritative en érigeant sur sa propriété une maison de retraite ou elle accueille ses vieux camarades de scène. Il semblerait toutefois que depuis quelque temps, ce petit paradis soit le théâtre d’événements aussi étranges qu’inquiétants. Qui connaît la vérité sur « First Lady », cette série réputée « maudite » depuis que certains de ses acteurs ont disparu dans des conditions brutales ? Le chat empaillé aux yeux jaunes, qui trône comme une idole énigmatique sur la cheminée de l’actrice, peut-être ?
Un chat qui fut l’instigateur d’un crime dont Mickie Katz – missionnée par l’Agence 13 pour redécorer les appartements très spéciaux de l’actrice – découvrira les arcanes avec effroi…
Cette barrière blanche symbolise la frontière entre deux mondes, deux époques. Vous vous tenez dans le présent, mais de l’autre côté le temps s’est arrêté en 1965. Peggy en a décidé ainsi. Elle ne veut rien voir, rien connaître de l’évolution du monde moderne. En prenant sa retraite, elle a choisi de vivre une fois pour toutes dans l’Amérique de sa jeunesse.

Blabla :

«  Le chat aux yeux jaunes » est le troisième tome de la série Agence 13 de Serge Brussolo. Et c’est actuellement pour moi le meilleur. De ce que je me souviens du premier tome ( Qu’il faudrait que je relise. ) la fin m’avait laissé un sentiment plutôt mitigé, tandis que le deuxième tome ( Dont il faudrait que je me décide à écrire la chronique ), lui, m’avait plutôt déçu. ( Et je suis d’ailleurs assez satisfait que Brussolo ne se soit pas d’avantage encombré dans cette suite de deux personnages en particulier. ) C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai terminé la lecture de ce « chat aux yeux jaunes », car des deux précédents, il a su, comme qui dirait, effacé ce qui m’avait alors déplu.

Mais trêve de blablas, venons-en plutôt au vif du sujet !

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ces romans mettent en scène le personnage de Mickie Katz, fille d’un supposé terroriste recherché, et décoratrice pour l’agence 13. La spécialité de cette agence ? Rénover les lieux où quelques crimes et affaires sordides se sont déroulés, afin de faire oublier leur passé macabre. Une idée pour le moins originale qui, même si je ne connaissais pas déjà l’auteur, m’aurait certainement incité à faire l’acquisition de cette série.

Et cette fois-ci, c’est en direction d’un manoir isolé, transformé en refuge pour d’anciens artistes ruinés que Mickie va être expédiée. Un endroit où les moins de soixante ans ne sont logiquement pas admis et où, forcément, sa présence ne va pas toujours être vue d’un bon œil. Mais s’il n’y avait que cela ! En effet, l’ancienne actrice à succès Peggy McFloyd, et propriétaire des lieux, n’apprécie pas beaucoup le monde moderne. Pénétrer sur son territoire, c’est comme faire un bond dans le temps, comme se retrouver dans les années soixante. Les journaux, les émissions de radios ou de télévision, les vêtements et le moindre objet proviennent de cette époque. Le reste y est formellement interdit, sous peine d’expulsion immédiate. Mickie est donc bien obligé de se soumettre à cette excentricité et va plonger dans un univers étrange, où les couloirs sont envahis par des discussions venues d’un autre temps, où les anciens artistes délaissés par le public s’escriment à tourner les prochains épisodes d’une série qui les a tous réunis du temps de leur gloire, mais aussi où d’étranges rumeurs circulent sur un certain directeur qui vivrait sous leurs pieds et ne serait autre que le Diable en personne.

Comme c’est souvent le cas avec Brussolo, on se retrouve plongé dans une histoire complètement folle, où les protagonistes sont eux-mêmes plus suspects et plus étranges les uns que les autres. ( A commencer par cette fan de Peggy McFloyd qui, du temps de sa jeunesse, a été jusqu’à fouiller les poubelles de son idole pour en récupérer des serviettes hygiéniques usagées qu’elle conserve précieusement dans une vitrine… heu… ouais ! ) L’action, elle, se déroule à la fois à l’intérieur, mais également à l’extérieur du domaine. Les péripéties s’enchainent les unes après les autres, sans laisser réellement le temps au lecteur de souffler, et l’ambiance est clairement malsaine. Ce tome nous offre l’envers du décor lié au monde du spectacle, les scandales, la drogue, les mensonges et tromperies, mais aussi, et surtout, la chirurgie… ce point, surtout, a son importance.

Les mystères de l’enquête, eux, m’ont toutefois paru plus simples à percer que dans bien des titres de l’auteur. « Le chat aux yeux jaunes » réserve son lot de surprises, mais je pense qu’il est assez facile de ne pas se laisser piéger par tous les tours destinés à nous forcer à regarder dans une autre direction. Ce n’est toutefois pas un problème, car les révélations, qui nous sont livrées au compte goûte pour mieux jouer avec nos nerfs, valent le détour. Une belle embrouille bien tordue que Serge Brussolo nous livre là, malsaine à souhait, et surtout terrible. Car au final la vraie victime dans cette histoire n’est pas celle à laquelle on penserait.

Personnellement, j’ai bien aimé plonger dans ce monde du spectacle des années 60, où tout n’est beau qu’en apparence. Je me suis juste un peu embrouillé avec la série « First Lady », autour de laquelle tourne plus ou moins le texte… ( Blabla absolument inutile : je n’ai absolument pas compris dans combien de saisons avait pu jouer Peggy… d’abord on parle de dix saisons, puis, il semble qu’on apprenne que Peggy n’ait, en réalité, joué que dans la première saison de celle-ci. Et ça, ça m’a bien embrouillé, parce que vu qu’on ne parle que d’elle, qu’on en fait le grand succès de Peggy, à tel point qu’elle s’acharne à tourner de nouveaux épisodes de First Lady… heu… ça m’a tellement perturbé que j’ai dû retourner en arrière pour relire les premiers chapitres, voir où je m’étais trompé, mais, finalement, ça ne m’a pas d’avantage éclairé. D’accord, on s’en fout un peu, c’est franchement un détail à la con qui n’a pas réellement d’importance dans l’intrigue, et peut-être que c’est moi qui suis stupide et qui n’aies rien compris. Ça m’a juste étonné que cette série puisse tourner autant autour de Peggy si neuf autres saisons existeraient où elle n’apparaîtrait pas. Ou alors ai-je mal lu ? Ou bien est-ce moi qui suis juste stupide et n’aies rien compris à un détail pourtant très simple ? Ce qui est bien possible…)

Bref, bref, mis à part ce petit égarement, j’ai passé un très bon moment avec ce « chat aux yeux jaunes ». Peut-être certaines petites choses n’ont-elles pas été suffisamment éclaircies, ou développées ( A moins que ce ne soit le souhait de l’auteur, ou qu’une chose, surtout, en particulier soit révélée dans un futur tome ? ), mais ça ne m’a pas plus gêné que cela.

Le personnage de Mickie reste intéressant à suivre, avec sa forte personnalité et son entêtement à se fourrer toujours dans les pires ennuis. Je suis curieux de savoir comment Brussolo va la faire évoluer dans ses futures aventures. Le mystère autour de son père s’éclaircit peu à peu, si bien que je me demande de quelle façon il sera exploité à l’avenir et, surtout, jusqu’où il va nous mener. C’est vrai qu’il n’a pas eu une grande importance dans les tomes précédents, même s’il restait bien présent en arrière-plan, mais avec les récentes révélations, difficile d’imaginer que Mickie ne cherchera pas à en savoir d’avantage.

Vous manquez de tenue, Archibald ! – Charles Exbrayat

vous-manquez-de-tenue,-archibald---114870-250-400Édition lue : Éditions du Masque ( 1965 )

Nombre de pages : 190

Genre : Humour/Espionnage

Résumé :

Ruth Truksmore, bien qu’elle ne brûlât pas pour lui d’une flamme très vive, était fort heureuse de devenir lady en épousant le baronet sir Archibald Lauder à qui elle avait oublié de révéler son appartenance au M 15.
Mis au courant, sir Archibald s’entête à suivre sa femme — parce qu’elle est sa femme — dans des histoires auxquelles il ne croie pas, puis qui le dégouteront. Mais le baronet semble ignorer complètement que l’action des Services Secrets doit être… secrète et jamais, de mémoire d’a-gent, on avait vu pareil olibrius racontant ses aventures à tout le monde y compris aux policiers !

Blabla :

Que voilà un bon petit Exbrayat comme je les aime !

Je ne suis pourtant pas, à la base, un inconditionnel du roman d’espionnage. C’est en fait même un genre qui me plaît peu. Mais quand ce même monde de l’espionnage est mis en scène par le père Exbrayat, c’est toujours irrésistible. Bon, il faut reconnaître que ce n’est pas leurs histoires, qui, de mon point de vue, sont souvent assez simples, voir classiques, mais bien l’humour de l’auteur qui rend ces romans si attachants.

« Vous manquez de tenue Archibald » raconte l’histoire d’un mariage un peu hâtif qui ne tarde pas à tourner au vinaigre. En effet, découvrant les sentiments qu’a pour elle le bien nommé Sir Archibald Lauder, Ruth voit dans cette union la possibilité pour elle de s’élever socialement… seulement, leur idylle vole en éclat le soir même de leur nuit de noce, alors qu’elle annonce à son supposé gentleman d’époux qu’elle travaille en réalité pour les services secrets britanniques. Malheureusement, Archibald ne l’entend pas de cette oreille, et derrière les aveux de sa femme, et l’annonce de son départ en mission pour Vienne, notre homme se persuade qu’elle entretient en réalité une liaison. Une liaison qu’elle cherche à lui dissimuler derrière ce mensonge honteux et, foi de Lauder, il ne laissera pas passer un tel affront ! C’est donc escorté par un époux qu’elle découvre sous un jour nouveau que Ruth est expédiée en Autriche… et pas facile de faire preuve de discrétion quand on a pour pot de colle un mari jaloux, obtus et bien décidé à les prendre sur le fait, elle et son amant imaginaire.

Le livre est court. Il se lit d’une traite et c’est bien difficile de le reposer tant les situations que décrit l’auteur sont à se tordre. Archibald est ni plus ni moins que le boulet dans toute sa splendeur. Incapable de croire en la parole de sa femme, il en devient aussi infernal que puéril, n’hésitant pas à la mettre en danger elle, comme ses collègues, par ses bavardages incessants sur leur supposé appartenance au MI. 5. Il fait preuve d’une telle imagination quand il est question d’expliquer les situations auxquelles il est confronté qu’il en devient désespérant. Mais, s’il est terriblement agaçant par son côté fiston pourri gâté qui ne peux rien entreprendre sans demander la permission à sa maman, il est également très drôle, car tellement grotesque. Il n’est pas difficile de plaindre la pauvre Ruth, dont les efforts pour le calmer ne cesseront d’aggraver les choses.

Pourtant, à côté de cette attitude excentrique, et digne d’un gamin de primaire vexé, il arrive régulièrement à Archibald d’être brillant dans ses dialogues. C’est d’ailleurs en ça que les romans d’Exbrayat sont souvent géniaux. Outre les situations, c’est surtout par ses dialogues qu’il parvient à rendre ses histoires aussi drôles. Au contact d’Archibald, les commentaires de chacun des protagonistes sur son compte, et entrant en conflit avec lui, sont absolument jouissifs. Ils ont beau avoir de la répartie, Archibald, lui, en a bien d’avantage, si bien qu’il est difficile de lui clouer le bec. Les situations, également, dans lesquelles il se met sont délirantes… et souvent décalées. Avec son flegme anglais poussé à l’exagération, son attitude de noble si snob, si sûr de lui, on peut aller jusqu’à le menacer qu’il parvient encore à sermonner son agresseur pour sa mauvaise éducation.

Bien sûr, l’histoire reste assez classique, bien sûr, les personnages et leur culture sont souvent caricaturés à l’extrême ( Ici les Anglais. ), mais pour ce dernier point, en tout cas, c’est un peu comme une sorte de marque de fabrique de l’auteur. L’exagération alimente l’humour en permanence.

Bon, le coupable du pourquoi du comment de tout ce micmac n’est pas difficile à deviner, mais ce n’est pas vraiment gênant. Ma seul petite déception concerne la fin. Je l’ai trouvé quelque peu précipitée et sans surprise. Elle me laisse un sentiment mitigé, mais c’est vraiment le seul que j’ai pu ressentir durant ma lecture.

 « Vous manquez de tenue Archibald » n’est donc pas un coup de cœur, mais il n’en est pas loin !

Colorado Kid – Stephen King

colorado-2Edition lue : J’ai Lu ( 2006)

Nombre de pages : 153

Genre : ??? (Thriller, à ce qu’il parait. )

Résumé :

Sur la petite île de Moose-Lookit, au large du Maine, Dave Bowie et Vince Teague, les deux vieux briscards du journal local racontent à Stephanie McCann, une jeune stagiaire, l’histoire la plus mystérieuse de leur carrière : la découverte, en 1980, d’un cadavre avec un morceau de steak au fond de la gorge, un paquet de cigarettes avec un timbre fiscal du Colorado et une pièce russe dans la poche.

Blabla :

Je pense que c’est l’un des Stephen King sur lequel j’ai entendu le plus de mauvaises critiques. Celles-ci m’ont longtemps retenu d’en faire l’acquisition, ce jusqu’à ce que je me dise que, tout de même ! Ça vaudrait peut-être le coup d’essayer. On sait jamais ! ( Et faut bien avouer que la couverture en jette un max ! ) Mais voilà, le temps que je me décide, le bouquin était en rupture et vendu… a des prix carrément honteux en occasion. Une chance pour moi, un client qui m’a vu lire un Stephen King à la boutique où je travaille m’a proposé de me donner les siens… j’ai accepté ( Comment refuser ? ) et, parmi eux, il y avait Colorado Kid.

L’histoire est très simple. Deux vieux journalistes chargés de former au métier une toute jeune recrue décide un jour de lui raconter une histoire, un vieux mystère qui les hante depuis bientôt vingt-cinq ans.

Et ? C’est tout ! Et pourtant, j’ai apprécié ma lecture. Tout comme le dit si bien Stephen King dans son postface : il y a ceux qui détesteront, et ceux qui aimeront. Et c’est vrai… je comprends même qu’on ne puisse pas du tout aimer cette histoire dont l’intérêt est bien mince. Il n’y a pas exactement d’histoire, pas exactement de conclusion ou de fin ( Quoique… ), juste un mystère toujours irrésolu et qui le restera.

Je ne saurais trop dire ce qui m’a plu dans ce texte très court. Bien sûr, la postface arrive en tête de file. J’adore quand Stephen King parle de ses textes, de ses choix, du pourquoi du comment il en est venu à vouloir écrire telle ou telle histoire. Je m’en délecte. D’autant que ce postface a son importance, car il permet de faire comprendre au lecteur pourquoi King a fait ce choix pour son texte. Ses explications n’ont donc fait que renforcer la sympathie que j’avais pour Colorado Kid.

Et puis ? Eh bien, bien sûr, la façon que King a d’écrire. C’est toujours aussi incroyablement vivant, à tel point que j’avais l’impression de voir certaines scènes, plutôt que de les lire.

Oui, oui, d’accord ! Mais le texte dans tout ça ? L’histoire ? Qu’est-ce qui peut bien me plaire ? Eh bien… je dirai que c’est justement parce que ce texte, d’une certaine façon, est… inutile ? Qu’il m’a plu. Je n’ai pas trouvé de meilleur terme… et ce n’est peut-être pas celui qui convient, mais c’est en tout cas celui qui me vient directement à l’esprit. On a ces trois personnages chez eux, qui se racontent cette petite histoire, et j’ai eu l’impression d’assister à une simple tranche de vie. Une tranche de vie presque banale, ou commune, et dont le centre d’intérêt des protagonistes est ce fait divers.

Bon, bon, je reconnais que c’est embrouillé tout ça. Mais même si je n’arrive pas exactement à trouver mes mots, c’est en gros le sentiment que j’ai eu avec Colorado Kid.

King termine son postface en disant que si l’on pense qu’il a failli à sa mission et qu’il n’a pas raconté tout ce qu’il avait à raconter sur cette histoire, eh bien, c’est qu’on se trompe. Je suis assez d’accord avec lui. Même sans lire la postface, j’avais le sentiment que King avait raconté tout ce qu’il y avait à raconter. Bien sûr, je suis resté frustré par cette fin qui n’en est pas réellement une… mais ! J’ai eu l’impression que c’était ce que King voulait. Nous faire partager avec ses personnages, cette frustration et cette déception qui les ronge depuis si longtemps.

Reste que ce n’est pas un roman que je conseillerais. Que je l’aie apprécié ( Et j’en suis le premier surpris. ) n’y change rien… je comprends seulement qu’il est difficile de trouver un intérêt à ce texte et qu’on a bien plus de chance d’en ressortir déçu que, comme moi, satisfait.

En relecture